Ngaoundéré : des associations sensibilisent sur le don du sang
AREWA Medicare et l’Association des Jeunes de l’Adamaoua pour la Participation au Développement (AJAPAD), renforcent la banque de sang de l’Hôpital Régional de Ngaoundéré, une ville où la question du don de sang reste taboue.
Région fortement influencée par les pesanteurs socioculturelles, la question du don du sang reste un sujet polémique dans la région de l’Adamaoua. Difficile pour certains d’accepter cette pratique qui permet pourtant de sauver des vies. Conséquence les donneurs volontaires de sang se font rares. Plusieurs personnes évoquent des raisons religieuses et des considérations ésotériques pour justifier le refus du don de sang. « Je ne suis pas prêt de donner de mon sang. Non seulement ma croyance me l’interdit, mais la plupart des adeptes des sectes se ravitaillent dans les hôpitaux en sang. Pour ces raisons, je ne suis pas disposé à accepter le prélèvement », justifie sous anonymat un habitant de Ngaoundéré.
Le refus …jusqu’à la mort
Les cas d’accidents de la voie publique, comme des femmes enceintes en quête de poches de sang sont pourtant récurrents dans les formations sanitaires de la région. Parfois, dans les familles des malades, donner de son sang pour sauver un proche n’est pas toujours la chose la mieux partagée. « J’ai été témoin il y a quelques années d’une scène qui m’a laissée sans voix. Je suis arrivée à l’hôpital régional de Ngaoundéré pour des examens de routine, mais j’ai trouvé une famille avec un enfant atteint d’une anémie sévère. Aucun membre de sa famille n’était prêt à donner du sang. J’étais obligée de venir en aide à l’enfant, mais il était tard et l’enfant a rendu l’âme », témoigne Fidèle, habitante de Ngaoundéré.
La sensibilisation nécessaire
Des campagnes de sensibilisation au don volontaire sont régulièrement organisées en vue de donner un coup de main aux formations sanitaires. C’est le cas depuis le mois d’Octobre dernier avec une nouvelle campagne initiée par les associations AREWA Medicare et AJAPAD. Cette dernière vise à renforcer la banque de sang de l’hôpital régional de Ngaoundéré. « Nous savons que beaucoup de nos frères sont réticents au don de sang. Nous nous engageons à faire du porte à porte afin de convaincre la majorité de la population de la ville de Ngaoundéré combien il est important de donner de son sang », explique Abdel Kader de l’association AREWA Medicare.
Selon une enquête menée par ces deux associations des jeunes, huit personnes sur dix n’ont pas une sécurité sanguine. Les actions engagées viennent en appui aux hôpitaux et la stratégie mise en œuvre est la campagne de proximité.
Par Hermann BAIKAME