Un déficit de plus de 60.000 professionnels décrié
Le 27 septembre 2024, le SYNPEMS et CAP/SANTE ont, dans un communiqué conjoint, dénoncé la surcharge de travail qui accable les personnels de santé du pays, en mettant en lumière un sous-effectif considérable.
Kevine NGOMWO
C’est un autre cri d’alerte que vient de lancer certains syndicats du secteur de la santé au Cameroun. Ceux-ci dénoncent un déficit alarmant de personnel médical qui affecte la qualité des soins prodigués dans les structures sanitaires camerounaises. Saisissant le prétexte des coupes de salaires des professionnels de ce secteur par les autorités, le Syndicat national des personnels médico-sanitaires du Cameroun (Synpems) et le Syndicat national des personnels des établissements entreprises du secteur de la santé (Cap/sante) ont dénoncé le mal-être qu’ils vivent au quotidien. « Les soldats de la santé du Cameroun déjà mal payés, croupissent sous une surcharge de travail énorme suite à un sous-effectif qualitatif et quantitatif de l’ordre de plus de 60 000 personnels »
Dans la même veine l’association des médecins du Cameroun a déploré dans une lettre adressée au ministre de la Santé publique le 27 septembre, « un contexte déjà précaire, avec des conditions d’exercice très difficiles, un manque de ressources humaines, des déserts médicaux, des plateaux techniques à améliorer et des rémunérations insuffisantes ». D’après elle, « les conditions d’exercice engendrent un stress chronique des soignants, le burn-out, la dépression, la fuite des cerveaux et le désengagement professionnel, avec une incidence sur la qualité des soins et, par conséquent, sur la santé des Camerounais ».
Cette situation n’est pas nouvelle. En 2021, le ministre de la Santé publique, lors de son passage devant la Commission des finances et du budget de l’Assemblée nationale, avait déjà révélé un déficit de 55 000 personnels dans le système de santé camerounais. Les dernières données officielles de septembre 2021 montrent que le ministère de la Santé emploie 39 720 personnes, réparties entre fonctionnaires, contractuels, décisionnaires et temporaires. Ce chiffre est très en deçà des besoins réels du secteur, comme l’ont souligné les syndicats.Le manque de personnel est particulièrement criant chez les spécialistes et les infirmiers. Selon des données compilées par la direction des ressources humaines du Minsanté en 2021, et publiées par Lurgentiste.com, le pays souffre d’un déficit de près de 2000 médecins spécialistes, de 500 médecins généralistes, et d’environ 30 000 infirmiers. Parallèlement, 500 diplômés des facultés de médecine, parmi lesquels des médecins, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes, revendiquent toujours leur intégration à la fonction publique, une situation qui perdure.
Le communiqué des syndicats met en garde contre les conséquences graves de ce sous-effectif, soulignant une surcharge de travail énorme qui, combinée aux faibles salaires, pourrait entraîner une baisse de la qualité des soins et une maltraitance des patients. Les syndicats appellent donc à une action urgente pour combler ce déficit et améliorer les conditions de travail des personnels de santé.