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Lutte contre le paludisme : Le déficit de financement menace 300 000 vies supplémentaires

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Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies le 26 septembre 2024, les chefs d’État et de gouvernement ont lancé un avertissement et un appel à augmenter le financement pour éviter la résurgence du paludisme dans les cinq prochaines années.

Kevine Ngomwo et Rostand TCHAMI

En l’absence d’un financement accru pour lutter contre cette maladie, près de 300 000 personnes supplémentaires pourraient perdre la vie d’ici 2029. Cet appel intervient à un moment critique, alors que les ressources mondiales allouées à la lutte contre le paludisme sont insuffisantes face à l’accumulation des menaces. Les nouvelles modélisations réalisées par le Malaria Atlas Project révèlent que si les niveaux de financement actuels stagnent, 112 millions de nouveaux cas de paludisme et 280 000 décès supplémentaires pourraient survenir entre 2027 et 2029. Pire encore, en cas de réduction des fonds, ce sont 137,2 millions de nouveaux cas et jusqu’à 337 000 décès supplémentaires qui pourraient être enregistrés sur cette période. Ces chiffres viennent s’ajouter à la situation actuelle, où le paludisme provoque chaque année près de 250 millions de cas et plus de 600 000 décès, principalement dans les pays les plus pauvres et chez les jeunes enfants.

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui est l’un des principaux mécanismes de financement pour ces trois maladies, fait face à des défis financiers considérables. La prochaine reconstitution du Fonds mondial, prévue pour l’année prochaine, serait décisive. Les dirigeants mondiaux ont averti qu’une stagnation ou une réduction des financements entraînerait une résurgence rapide du paludisme, compromettant ainsi les progrès réalisés au cours des deux dernières décennies.

Un financement insuffisant face à des défis croissants

Le paludisme, bien que l’une des plus anciennes maladies mortelles, continue de poser des défis complexes. Les niveaux de financement actuels, bien qu’importants, sont insuffisants pour contenir cette menace en raison de plusieurs facteurs convergents. Parmi ces derniers, la résistance croissante aux insecticides et aux médicaments antipaludiques réduit l’efficacité des interventions existantes. Les nouveaux outils, tels que les moustiquaires à double insecticide, sont plus efficaces, mais leur déploiement nécessite des ressources financières considérables.

En outre, le changement climatique et les crises humanitaires exacerbent les risques liés au paludisme. Les zones autrefois considérées comme moins vulnérables sont désormais touchées, et les populations déjà fragilisées par des conflits ou des catastrophes naturelles sont plus exposées à la maladie. Les experts estiment qu’un déficit de plus de 1,5 milliard de dollars existe déjà dans le cycle actuel de financement, compromettant les efforts pour maintenir les services de prévention et de traitement au niveau de 2023.

 

 

300 000 vies en jeu

L’avertissement des chefs d’État lors de l’AGNU repose sur des chiffres alarmants. Si les fonds ne sont pas augmentés, les modélisations prévoient qu’en l’espace de trois ans, des centaines de milliers de vies pourraient être perdues, en particulier en Afrique, continent le plus touché par le paludisme. Les dirigeants africains, dont le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, ont exprimé leur préoccupation lors d’une table ronde intitulée « Faire face au déferlement du paludisme », soulignant que des mesures concrètes doivent être prises pour éviter une résurgence rapide de la maladie.

Face à cette situation, les dirigeants mondiaux et les organisations de santé appellent à un effort collectif pour assurer un financement durable du Fonds mondial. Le maintien des niveaux actuels ne suffira pas à enrayer les menaces grandissantes. Pour éviter une résurgence massive du paludisme, il serait crucial que les donateurs augmentent leurs contributions et que des stratégies innovantes soient mises en place pour déployer les nouveaux outils de lutte contre la maladie. Le paludisme est une menace qui, bien que largement sous contrôle dans certaines parties du monde, reste dévastatrice dans d’autres. Si le financement mondial ne suit pas, les progrès réalisés pourraient s’effondrer, exposant des millions de personnes à une maladie évitable et traitable.

La situation au Cameroun

Face à cette alerte, le Cameroun n’est pas épargné. Car selon les dernières statistiques de 2023 du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), le Cameroun enregistre environ 3 millions de cas de paludisme par an pour 4000 décès. À ce propos, les femmes enceintes et les enfants âgés de 0 à 5 ans, sont les plus vulnérables. Et d’après le PNLP, pour réduire les taux de morbidité et de mortalité liés au paludisme de 80% d’ici 2028, l’État du Cameroun a besoin peu ou prou, de 380 milliards de FCFA. Mais selon les promesses reçues et les fonds disponibles, le pays ne dispose que de 120 milliards de FCFA ; soit un gap de 260 milliards de FCFA. C’est d’ailleurs pour booster les financements dans la lutte contre ce tueur silencieux, que les journalistes acquis à cette cause, prennent part depuis hier, 25 septembre 2024 à un atelier de renforcement des capacités, organisé par les ministères de la Santé et de la Communication, en collaboration avec Impact Santé Afrique (ISA). Durant ce brainstorming qui s’achève demain, 27 septembre 2024, les professionnels des médias reçoivent des outils nécessaires pour la production de leurs articles en vue de jouer leur partition dans la mobilisation des fonds pour venir à bout du paludisme au Cameroun.

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