Santé Mentale : plus de 116 millions de personnes vivent avec les troubles mentaux dans la région africaine.
Ce chiffre a été évoqué lors de la célébration de la journée mondiale de la santé mentale le 10 Octobre dernier. Longtemps reléguée au second plan la santé mentale est devenue ces dernières années un véritable problème de santé publique. Au Cameroun par exemple, la dépression, devenue la 1ere maladie mentale diagnostiquée dans les formations sanitaires, touche de plus en plus de personnes.
Par Albertine B
Une soudaine envie de se renfermer sur soi-même, un dégout pour son travail, une irritabilité injustifiée ou encore une morosité soudaine couplée d’une absence de joie de vivre et même de plaisir, vous êtes peut être touchés par une dépression. Ces symptômes qui passent souvent inaperçus ou qui sont souvent négligés peuvent également indiquer un autre problème lié à la santé mentale. C’est que lorsqu’on parle de santé mentale, la plupart se trompent. « La santé mentale n’est pas la maladie mentale, il faut bien faire cette différence » explique le Dr laure Menguene sous Directeur de la santé mentale au Ministère de la santé publique. « La santé mentale est un état de bien être et concerne donc de ce fait quasiment tout le monde», ajoute la psychiatre. C’est souvent parce que la santé mentale est mal appréhendée que l’on abouti à bon nombre de maladies et troubles mentaux insistent les spécialistes.
Les taux de suicide en augmentation.
Selon l’organisation mondiale de la santé (Oms), avant la pandémie, on estimait déjà à plus de 116 millions le nombre de personnes vivant avec des troubles mentaux dans la région africaine. Le taux de suicide reste particulièrement préoccupant. Au Cameroun il est passé de 4,9% à 12,2% à 2019. De 2012 à 2022, 994 femmes et de 2064 hommes se seraient donné la mort dans le pays selon les chiffres révélés par des organisations œuvrant dans le domaine. Les personnes suicidaires ou qui finissent par passer à l’acte ont un problème de santé mentale pour plus de 90% d’entre elles, d’où l’urgence d’accentuer la sensibilisation dans ce domaine. « Au Cameroun, nous félicitons déjà le ministère de la santé publique pour les efforts croissants qu’il déploie pour préserver et améliorer la santé mentale des populations››, déclarait le 10 Octobre dernier le Dr Phanuel Habimana représentant résidant de l’OMS.
En effet avec une sous direction de la santé mentale très dynamique, une unité de santé mentale installée dans tous les hôpitaux de région du pays et un numéro vert le 1510 mis à la disposition du public pour les appels d’urgence , il faut dire que les avancées sont notables même si beaucoup reste à faire notamment en matière de ressources humaines.
Moins de 15 psychiatres dans le pays.
Si la santé mentale a du mal à rentrer dans les usages, c’est bien aussi du fait du défaut de la ressource humaine en la matière. Le Cameroun avec ces plus 22 millions de populations compte à ce jours seulement 12 psychiatres reconnus par le ministère de la santé publique et environ 3 autres exerçant hors du circuit officiel. A cela s’ajoute une trentaine de psychologues et des infirmiers spécialisés en santé mentale environ 25 formés chaque année dans le pays. Une ressource bien insuffisante face à la demande de plus en plus grandissante. Une forte demande qui s’explique par la précarité de la vie quotidienne, la pression sociale, les consommation de drogue, d’alcool et bien entre autres
Il est à noter que le Minsanté révèle également que l’exclusion sociale, renforcée ces temps par la pandémie à COVID-19, serait la cause de 23,64% des pathologies mentales les plus récurrentes au pays derrière les dépressions (36,36%), et devant les schizophrénies (21,82%), les toxicomanies (18,18%). Il est bon de savoir que cette 31e commémoration de la journée mondiale de la Santé Mentale se célèbre sous le thème : ‹‹faire de la santé mentale et du bien-être pour tous une priorité mondiale››.
Auteur de l'article
