KONE Gaelle : J’ai bientôt 19 ans j’ai été vaccinée contre le cancer du col de l’utérus en 2014, aujourd’hui je suis fille mère …
Comme plus de 13 000 filles de la ville de Foumban dans le département du Noun, région de l’ouest Cameroun, Gaelle KONE a reçu deux doses de vaccin contre le papillomavirus (HPV) entre 2014 et 2015 dans le cadre d’une « campagne » pilote d’introduction dudit vaccin dans le programme élargi de vaccination (PEV). Le projet qui n’a pas fait l’objet d’une forte communication concernait alors deux villes du pays : Foumban à l’ouest Cameroun et la ville d’Edéa dans la région du littoral.
« Je n’ai jamais eu peur du vaccin »
C’est dans le domicile de ses parents au quartier NJILARE dans la localité De KOUPA-MATAPIT à une vingtaine de kilomètres de Foumban que nous retrouvons la jeune fille de 19 ans qui vient de donner naissance à son premier enfant. « Mes parents et moi n’avons jamais eu peur du vaccin, car moi je sais que le vaccin c’est pour protéger les gens » nous répond GAELLE son bébé dans les bras. La jeune dame avoue également n’avoir jamais eu peur de devenir stérile, tel que le laisse entendre une certaine opinion qui veut que le vaccin contre le papillomavirus rende les jeunes filles stériles.
A Foumban cependant malgré les milliers de filles vaccinées entre 2014 et 2016 selon les fichiers conservés par les services techniques du PEV de la ville, il est devenu difficile aujourd’hui d’aborder le sujet au sein de la population. Les familles refusent d’aborder le sujet et interdisent même à leurs progénitures d’en parler. Heureusement pour nous ce n’est pas le cas pour YENOU DOLY, la jeune fille vaccinée lorsqu’elle avait 10 ans et aujourd’hui de 16 ans a l’autorisation de parler de son expérience. « Ma maman avait accepté que je me fasse vacciner sans problème, elle a donné son accord au Directeur, mais plusieurs parents ont refusé qu’on vaccine leurs enfants dans mon école » nous explique la jeune dame en présence d’une tante. « Depuis que j’ai été vaccinée je n’ai eu aucun problème de santé particulier je naï pas peur d’être stérile mais avec tout ce qui se dit je n’accepterais pas de me faire vacciner contre le cancer du col de l’utérus aujourd’hui » avoue l’adolescente qui prépare son entrée en 1ere D pour la prochaine rentrée scolaire.
Vaccin contesté
En effet l’annonce de l’introduction du vaccin contre le cancerdu col de l’utérus dans le programme élargi de vaccination au Cameroun a suscité une vague de contestations, particulièrement sur les réseaux sociaux. Les « contestataires » pour la plupart dénoncent le fait que les jeunes filles camerounaises soient « utilisées comme des cobayes » pour un vaccin dont les « effets néfastes » sont inconnus. Des arguments erronés selon les responsables du PEV. « Déjà il ne s’agit pas d’un test. Le vaccin contre le papillomavirus est présent au Cameroun depuis une dizaine d’année, il se vend en pharmacie. De plus comme vous l’avez vu vous-même plus de 20 milles filles ont déjà été vaccinées dans la cadre de la phase pilote d’introduction à Foumban et à Edéa entre 2014 et 2016. Il se trouve juste que, dès le 12 octobre date d’introduction dudit vaccin dans le PEV national, le produit deviendra gratuit et pourra être administré aux jeunes filles de 9 ans avec l’avis des parents » explique un responsable de la communication du programme.
Précisons que sur 18 382 filles vaccinées entre 2014 et 2016 à Foumban dans le cadre de la phase pilote, aucun cas « d’intolérance » au vaccin contre le papillomavirus n’a été officiellement remonté au niveau des formations sanitaires du district de santé. Même si pour certains scientifiques il est encore trop tôt pour ce faire une idée précise sur le sujet.
B. Albertine