Fistules obstétricales : l’urgence d’agir.
Environ 2 millions de femmes sont atteintes de fistules obstétricales non traitées dans le monde, avec sensiblement, 2000 nouveaux cas par an et près de 800 décès chaque année suites à des complications à l’accouchement. On estime alors que sur 20 femmes atteintes de morbidité maternelle, l’une des formes les plus sévères est « les fistules obstétricales ». Ces femmes atteintes de fistules obstétricales ont besoin d’un suivi psychologique avant et après l’opération qui est la seule option de traitement.
Par franck Mpeck et Kévin D.
Avec plus de 2000 nouveaux cas par an, sur lesquels seulement 1000 sont traités, la fistule obstétricale reste un enjeu majeur santé publique et une question de dignité humaine en Afrique.
La fistule obstétricale a des conséquences effroyables. L’arrêt prolongé de l’accouchement qui a causé la fistule conduit aussi presque invariablement à un cas de mortinatalité, tandis que la femme subit parfois une fuite chronique d’urine et, souvent de matières fécales. Les femmes et les filles touchees par la maladie sont victimes d’une forte stigmatisation qui est à l’origine de la marginalisation et parfois d’une exclusion sociale. D’après plusieurs enquêtes menées par des organismes digne de foi , la prévalence de la fistule obstétricale au Cameroun est de 20 000 cas avec une incidence d’environ 2000 nouveaux cas chaque année. Les mêmes indiquent qu’’au moins 6000 femmes meurent par an au cours de leur grossesse ou en donnant naissance. Les malades vivent souvent une période extrêmement difficile.Oumoul Koulssoumi, ancienne malade des fistules obstétricale raconte le calvaire qu’elle a vécu pendant cette période juste après l’accouchement. « Deux semaines après l’accouchement je me suis rendue compte qu’il y a eu des fuites. Je suis repartie à l’hôpital où j’ai accouche, ils m’ont dit qu’il n’y a pas de soucis et qu’après quelques mois ca va passer. Du coup j’ai attendu deux, trois, quatre mois mais rien du tout, je suis donc partie voir d’autres spécialistes. Chaque fois que je voyais un gynéco, il m’envoyait voir un autre, je me suis dit il n y aura plus de solution à mon problème et j’ai laissé tomber ». Une situation qui a causé des troubles à cette dernière. « Il y’a des difficultés surtout pour moi qui était marié, plus d’entente. A chaque fois qu’il devait avoir un moment intime et que je refusais c’était un problème. Il me disait toujours que je refuse mais je connaissais ma situation. Pour moi je voulais une séparation et même mes études j’avais abandonné », réitère Oumoul Koulssoumi.
UNFPA prône aussi l’accompagnement psychologique
Le Bureau pays de l’agence du fonds des nations unies pour la population (UNFPA) mène depuis des années des campagnes gratuites de traitement et d’accompagnement avant et après les opérations. C’est en effet grâce à l’une de ces campagnes que la jeune Oumoul a pu guérir de cette pathologie comme elle nous le dit. « J’ai une amie qui faisait des recherches et c’est elle qui à trouvé un communiqué sur les réseaux sociaux. Elle m’a dit qu’il y a une campagne à N’Gaoundéré sur les fistules comme elle passait son temps à rechercher les informations. Alors je les ai appelés et ils m’ont demandé de passer. C’est vrai j’ai un peu négligé et quand j’ai rappelé ils m’ont dit qu’ils ont fini la campagne mais ils peuvent me rappeler quand il y aura une autre. Deux mois plutard ils m’ont appelé et il y avait une autre campagne à N’Gaoundéré si je pouvais me déplacer. Ils ont payé le transport et j’y suis allée », fait savoir cette dernière. A coté de ce traitement médical, l’UNFPA a permis à celle-ci d’avoir un accompagnement psychologique pour qu’elle puisse sortir de la solitude de la maladie. « J’ai trouvé une solution et ils m’ont bien pris en charge. J’étais tout le temps triste, isolée et je pleurais énormément. A un moment je me suis dit peut-être que je suis condamné à ca. Je ne marchais même plus. Actuellement je n’ai plus de problème et comme disait le psychologue qui m’a pris en charge, monsieur Idriss, je n’ai plus de problème » , lance Oumoul Koulssoumi.
C’est à juste titre qu’il faut noter que du 08 au 09 juin dernier à Mbalmayo, les personnels de la santé ont été outillés sur l’accompagnement psychologique des patientes souffrants des fistules obstétricales. Un évènement organisé par l’UNFPA.
Il faut toutefois savoir qu’il est possible de prévenir la fistule obstétricale et, dans la plupart des cas, de la soigner. La chirurgie réparatrice effectuée par un chirurgien formé, spécialiste de la fistule, peut effacer la lésion, avec des taux de succès.