Scène triste mercredi 30 septembre dernier au quartier Melen à Yaoundé. Pendant plusieurs heures, la circulation avait été perturbée de ce côté de la ville capitale politique du Cameroun. C’est que, les patients souffrants d’insuffisance rénale étaient allés manifester devant le centre hospitalier universitaire logé dans ce coin de la capitale. Ils exprimaient ainsi leur ras-le-bol suite au manque de matériel permettant la dialyse. Ils disaient n’avoir pas reçu de soins depuis une semaine. « Nous avons droit qu’à deux séances au lieu des trois prévus chaque semaine. C’est déjà un problème… Même ces deux dialyses on n’arrive pas à les faire », regrette un malade.
Une situation qui perdure
Des sources bien introduites depuis ce mouvement d’humeur la situation n’a vraiment pas changé. En effet l’actuelle pénurie des kits de dialyse au Cameroun ne date pas d’hier. En 2018 déjà, la rupture de stock des kits d’hémodialyse avait obligé les patients, qui avaient droit à deux ou trois séances de dialyse par semaine, à se contenter d’une seule séance. A l’époque, les autorités expliquaient l’absence de ces kits par l’arrivée tardive du cargo qui les transportent. Un an plus tôt, en 2017, les habitués de l’hôpital général de Yaoundé ont même dû attendre deux semaines avant que l’ancien ministre de la Santé, André Mama Fouda, annonce la disponibilité des kits dans les centres d’hémodialyse du pays. Fin 2019, les hôpitaux généraux de Douala et Yaoundé, principaux centres de dialyse du pays, manquaient eux aussi de kits d’hémodialyse, Certains malades ont alors manifesté à l’hôpital général de Douala. Quelques temps après, le gouvernement annonçait l’acquisition de 40.000 kits d’hémodialyse chez le fabricant allemand Fresenius Medical Care. Un stock qui devait normalement améliorer la prise en charge des patients. Ces derniers n’avaient d’ailleurs pas hésité à manifester leur joie et exprimer leur reconnaissance, suite à l’annonce de l’achat de ces nouveaux kits d’hémodialyse. Le président de l’association des dialysés, Herman Koa Amana, disait vouloir veiller à une bonne utilisation de cette dotation, tout en souhaitant une autre dotation en médicaments. Dans la foulée, l’actuel ministre de la santé Manaouda Malachie faisait savoir qu’un autre stock de kits d’hémodialyse est en cours d’acheminement par voie maritime. Il indiquait que l’arrivée de ces kits « n’est qu’une solution d’attente ». Avant d’ajouter que son département est « en train d’élaborer un projet de loi sur la transplantation des organes », considérée comme une solution définitive pour les insuffisants rénaux. En attendant les patients restent privés de soins en sont réduits à vivre dans le désarroi. Cela d’autant plus que les autorités sanitaires restent muettes. Une réaction officielle est toujours attendue pour expliquer les raisons de cette énième pénurie.
Elvis Serge NSAA