Cameroun/Éclampsie: en moyenne 15 femmes meurent par jour au pays

Eclampsie
A l’approche de la célébration de la Journée internationale de la pré éclampsie le 22 mai 2020,
Rosianne Tchamba, promotrice du Groupe dynamique de lutte contre l’éclampsie (GDLCE) basé à Douala,
sensibilise. Elle évoque les risques qui guettent les femmes lors des grossesses, sans pour
autant leur faire peur, et l’urgence de la connaissance de l’éclampsie pour mieux limiter le
nombre de décès des mamans et bébés lors de l’accouchement.
C’est quoi l’éclampsie ?
Avant de parler d’éclampsie notons qu’elle est précédée d’une première phase appelée pré éclampsie.
Nous observons les symptômes souvent habituels chez la femme enceinte notamment les douleurs
abdominales, les maux de tête, les œdèmes, les nausées. Quand ces petits désagréments
s’accompagnent de deux signes annonciateurs. D’une part une hausse anormale de la tension artérielle
et d’autre part la présence d’un excès de protéine dans les urines. Dans ce cas on parle de
pré éclampsie encore appelée toxémie gravidique; qui peut se déclarer dès la 20ème semaine
de grossesse. Il faudra immédiatement et rapidement se rapprocher des prestataires de santé
pour une prise en charge. L’éclampsie est une crise épilepsie généralisée. Elle est le stade
le plus grave de l’hypertension pendant la grossesse. Bien que les causes sont encore méconnues
si le risque d’éclampsie est trop important la seule solution est de déclencher l’accouchement
(par césarienne) pour sauver la mère même si la survie du bébé est compromise. Nous tenons à préciser
que le GDLCE sensibilise les femmes afin qu’elles reconnaissent les symptômes de pré éclampsie.
Elle ne pourra en aucun cas vous fournir un diagnostic médical. Il est fondamental de consulter
un professionnel en cas de doute sur votre état de santé.
Quel est le nombre de décès par éclampsie au Cameroun ?
D’après l’Ordre des médecins du Cameroun, on compte actuellement en moyenne 15 femmes décédées
par jour des suites d’accouchement sur l’étendue du territoire national. Je n’ai pas accès au
détail des chiffres de décès par éclampsie. Mais je peux vous dire qu’elle fait des ravages
d’après les commentaires. Cette pathologie est une cause de décès encore considérée chez nous
comme les plus mystiques. Vous avez parfois un refus systématique de certaines femmes d’être
opérées parce que considérée par beaucoup comme un piège que nous tend la sorcellerie. Autres
raisons: un faible taux de fréquentation des femmes enceintes des services de santé avec
une baisse des consultations prénatales. Dans certains cas, nous avons les omissions du
personnel médical ou les erreurs médicales ou encore le déficit de professionnels qualifiés
en soins obstétricaux. Donc l’éclampsie est une cause évitable de décès s’il y avait une prise
en charge rapide et efficace.
A votre actif, quelles sont les actions menées par votre association pour éduquer les populations
concernant cette pathologie?
Je ne saurais vous parler de ce qui a été fait en 2019 sans entrer dans la genèse.
Voyez-vous ma sœur décède en 2012 lors de l’accouchement des suites d’éclampsie. C’était la première
fois que nous entendions parler de cette pathologie au sein de ma famille. J’ai constaté plus tard
que cette maladie était très méconnue du public. C’est pour pallier à ce manque d’information que
le Groupe dynamique de lutte contre l’éclampsie (GDLCE), association à but non lucratif, a été créée
en février 2016. Depuis sa création, l’association s’est donnée pour mission de sensibiliser
les femmes et le public contre les risques liés à la grossesse par le biais de campagnes
(flyers, affiches distribués en pharmacies et rues) et des réunions d’informations.
En 2019, en partenariat avec le club santé et la Croix rouge de l’Université Catholique
Saint Jérôme de Douala, nous avons organisé une conférence au sein de cette université afin que
les jeunes filles et femmes prennent conscience que les risques peuvent être liés à la grossesse.
Sans pour autant leur faire peur. Donc l’an passé le thème était: «Sensibilisation sur le
pré éclampsie et droit des patients à l’information». Nous avons également réalisé des vidéos
qui ont défilé sur les écrans dans divers points de la ville afin d’éveiller la curiosité;
et interpeller les médias pour faire entendre le message.
A ce jour que comptez-vous mener comme actions autres pour davantage sensibiliser sur la question?
Le GDLCE a beaucoup de projets dans l’amélioration des conditions de prise en charge des
femmes enceintes. Les réalités sur le terrain nous ont beaucoup appris. Outre ce que nous
faisons déjà, nous souhaitons d’abord sensibiliser les personnels de santé dans le respect
de toutes les étapes de l’accouchement. Le personnel médical possède ce document encore appelé
« check List » qui parle de l’accouchement sécurisé. Ensuite, nous proposerons les sujets
notamment comment réduire les frais des examens prénataux et faciliter l’accès aux soins qui
sont encore élevés pour beaucoup de femmes. Cela cause un véritable problème dans la
mortalité maternelle et infantile. Enfin nous ne pouvons parler de l’amélioration de notre
système de santé sans parler de la relance économique, redynamiser le milieu de la santé.
Encourager les jeunes et entrepreneurs à s’intéresser dans la création et fabrication des
matériaux médicaux; bien évidemment en étant compétitif sur la scène internationale.
Interview réalisée par Linda Mbiapa