Algorithme de dépistage à trois tests : Nouvelle stratégie pour éliminer le Sida d’ici 2030
D’après le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, qui l’a annoncée le 09 juillet 2024, elle consistera à faire un premier test d’initiation, un second de confirmation et un troisième de vérification. Ceci pour éviter d’avoir les cas de faux résultats qui pourraient avoir un impact négatif sur la santé mentale de la personne testée.
Par Kevine NGOMWO
Le pays qui compte aujourd’hui près de 500 000 personnes vivant avec le VIH entame une nouvelle étape dans sa riposte. Après une stratégie à deux tests, il a opté pour une transition vers un algorithme de dépistage à trois tests, tel que le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Le Cameroun, à l’instar des autres pays frappés par cette pandémie, a fait de la lutte contre le VIH-SIDA une priorité à travers des nombreuses initiatives et la mise en place d’un ensemble de stratégies visant à réduire considérablement le fardeau de cette maladie sur les populations. Au rang des stratégies, figure le diagnostic qui permet non seulement de garantir que tous les Camerounais connaissent leur statut sérologique, mais aussi que les personnes infectées soient mises sous traitement de manière assez rapide afin de réduire la charge virale. D’après le ministre de la Santé, l’algorithme de dépistage à trois tests devrait permettre « d’éviter au maximum les faux positifs dans le processus de dépistage sachant bien que le poids économique, épidémiologique et psychologique qu’un mauvais résultat, un mauvais diagnostic fait peser sur le système de santé, sur la société et surtout sur le patient qui pourrait se retrouver dans un état mental déplorable ». Cet algorithme à 3 tests consiste, dans un premier temps, à faire recours à un premier test, qui est appelé le test d’initiation et qui permet de détecter assez rapidement la présence des anticorps, anti-VIH. « Au cas où ce premier test est positif, le 2eme test, celui de la confirmation, vise à confirmer les résultats du premier, ou l’infirmer. Un troisième test, dit cette fois-là de vérification est rendu nécessaire en cas de discordance entre les deux premiers, afin de confirmer ou de vérifier le diagnostic final », a expliqué Manaouda Malachie.
Pour l’implémentation de ce nouvel algorithme sur le terrain, le ministère de la Santé publique annonce une démarche en 2 phases. Au cours de la première phase, conduite au cours de la 2e moitiée de l’année en cours, l’algorithme sera mis en œuvre dans les régions du Centre, du Sud, du Littoral et de l’Ouest, pour une durée de 3 mois. D’après Manaouda Malachie, « le choix de ces 4 régions tient à la fois, de leur profil épidémiologique et la densité populationnelle et les éléments de structuration au sein des activités de mise en œuvre de ces politiques publiques ». Pour la seconde phase prévue en 2025, la démarche va s’étendre dans les 6 autres régions, pour une présélection des formations sanitaires durant une période de 3 mois également. « Il convient de noter que cette première phase concernera essentiellement les femmes enceintes et les populations clés, tout ce qui reste une priorité de la Couverture santé universelle dans sa phase 1, qui couvre également les soins aux personnes malades du VIH-SIDA, ainsi que la prise en charge de la femme enceinte », a précisé le ministre. La stratégie prévoit un enrôlement progressif des formations sanitaires sur l’ensemble du territoire national, ainsi que l’ensemble de la population en général. « Les intrants sont entièrement disponibles pour la première phase et les commandes ont été positionnées dans les dispositifs y afférant avec nos partenaires pour la seconde phase ».
Nouvelles contaminations
En rappel, selon les données de l’enquête de démographie et de santé 2018, la prévalence générale du VIH-SIDA au Cameroun a été réduite de moitié entre 2004, où elle était de 5.4 %, et 2018, où elle est de 2.7 %. En valeur absolue, le nombre de nouvelles contaminations annuelles est passé de 45 835 en 2004 à 9 898 en 2022. Le nombre de décès liés à la maladie est quant à lui estimé à 31 444 et 10198 au cours de la même période. Avec la transition à 3 tests, le Cameroun veut, dans un premier temps, réduire la prévalence qui reste très élevée chez les femmes par rapport aux hommes, soit 3.4% contre 1.9%, le taux de nouvelle contamination chez les enfants exposés, les adolescents, jeunes et les populations clés classées à haut risque. Elle représente donc pour le pays, une avancée et vient renforcer les résultats obtenus grâce à algorithme à 2 tests pour continuer à réduire la prévalence au VIH, au sein de la population en générale et la faire reculer vers l’élimination voulu d’ici 2030.