Yaoundé : La capitale frigidaire
Le climat qui y prévaut laisse perplexe de nombreux « Yaoundéens », exposant la plupart à des maladies. Chacun y va de son astuce pour s’en sortir indem.
Junior AYISSI
« Mais, quel climat ! », s’écrie Jérémie N, résidant à Yaoundé, de retour d’un séjour de plusieurs mois dans la capitale économique. « Là-bas, les précipitations sont régulières mais le climat est plutôt tempéré », fait-il savoir. Celui-ci est surpris par le climat qui prévaut à Yaoundé qui « est difficile à supporter », avoue-t-il. A notre rencontre, Jérémie arbore une chemise blanche sur laquelle il a entreposé un pull-over avec capuche et une veste (blazer). En dépit de cet accoutrement non moins léger, il dit toujours subir les assauts d’un froid qui l’assaille. Géraldine, cadre d’administration est dans la circulation depuis plusieurs kilomètres déjà, avec les vitres de son véhicule hermétiquement fermés. Elle n’a pas l’intention de les ouvrir car, « il fait très froid », lâche-t-elle. Dans ce véhicule, elle a activé le chauffage. « Au bureau, je vais me mettre au chaud. J’ai prévu une tenue pour la circonstance », nous confie-t-elle.
Comme ces deux habitants de la capitale politique, le climat de Yaoundé fait frémir et grelotter la majorité. Ainsi, chacun y va de sa solution pour être au chaud et prévenir par la même occasion les maladies qui pourraient subvenir. Marie, femme de ménage, a choisi de limiter ses sorties. « Je passe plus de temps à la maison. Je ne peux pas sortir sous cette pluie, pour éviter d’avoir des soucis de santé. Je porte des vêtements lourds et le baume François devient un compagnon fidèle », dit-elle. Pour Fabrice, chauffeur de taxi, en plus d’opter pour un style vestimentaire lourd, la consommation des boissons chaudes semble le mettre à l’abri de ce froid. « J’ai une gourde dans laquelle ma femme me remplit du thé au citron. Bien chaud, je prends de temps en temps quelques gorgées. Également, je peux faire recours au menthol si je sens mes narines se boucher. Naturellement, un parapluie n’est jamais loin », tel est le plan de guerre dévoilé par Fabrice, car, pour lui, ce climat est semblable à une période de crise. Pour le couple Ndjiki, au-delà de la prise des mesures d’accoutrement pour être au chaud, la température ambiante s’avère être le moment par excellence de solidifier et renforcer les liens du mariage. « Nous ne nous séparons plus, sauf quand nous sommes chacun à son lieu de travail. A notre retour, nous nous mettons au chaud et faisons presque tout ensemble à la maison », relate Jeanine Ndjiki.
La saison des pull-overs
Pour certains commerçants ambulants, proposant des vêtements lourds, notamment des pull-overs, des chaussettes, entre-autres, le marché s’avère florissant. Sévérin, qui, depuis quelques semaines s’est investit dans la vente des pull-overs se satisfait de l’écoulement de ses articles. « Je prends près de vingt articles par jour. J’en vends plus d’une dizaine par soirée. J’avoue que ça fait mes affaires ». Contrairement à bien d’autres camerounais, sa prière est de voir ce climat perdurer. Laquelle est partagée par Arthur qui, lui, propose des chaussettes. La majeure partie de sa clientèle est la gente féminine. Il en écoule plus que par le passé, en temps de chaleur.
Frein au divertissement ?
Dans les débits de boissons et autres espaces de divertissement, l’affluence est de moins en moins perceptible. Pour Boris, gérant d’un bar au quartier Anguissa, « à partir de 19h, les clients se font rares. Certains nous lancent qu’il ne fait plus bon d’être dehors. Ceux qui restent, disent être préparés à affronter le climat qui devient plus âpre en soirée », relate-t-il. Ce dernier ajoute que « les boissons glacées sont de moins en moins demandées », même s’il reconnait que « celles-ci sont fraiches sans avoir besoin de les passer dans un réfrigérateur ». Un climat qui semble ne pas faire ses affaires, peut-on en déduire.