« Vacances sans SIDA » Une caravane mobile pour stopper la hausse du VIH chez les jeunes au Cameroun
Le nombre estimé de personnes vivant avec le virus a atteint 510 000, marquant une tendance à la hausse. Parmi les populations les plus vulnérables, on dénombre 20 450 enfants de moins de 15 ans, 13 340 adolescents de 15-19 ans et 24 272 jeunes de 20-24 ans vivant avec le VIH. Plus tragique encore, 9 400 personnes ont perdu la vie à cause du VIH/SIDA durant la même période. Ces chiffres soulignent l’urgence d’une mobilisation accrue et d’actions concrètes pour inverser cette tendance.
Pour inverser cette dynamique préoccupante du VIH, la 23ème édition de la campagne « Vacances Sans SIDA » met le cap sur les jeunes. Placée sous le très haut patronage de Madame Chantal Biya, Première Dame du Cameroun et Ambassadrice Spéciale de l’ONUSIDA, cette initiative clé déploiera une caravane mobile innovante. Elle ciblera spécifiquement les régions du Sud et du Sud-Ouest, des zones particulièrement affectées, afin d’intensifier le dépistage et la sensibilisation au VIH, aux infections sexuellement transmissibles (IST), et à l’hépatite B.
La cérémonie de lancement de la 23ème édition de la campagne « Vacances Sans SIDA ce 23 juillet 2025 à Yaoundé
Le moment fort de la cérémonie fut sans conteste le témoignage poignant de Myriam, un récit déchirant mais résolument porteur d’espoir, qui a laissé une empreinte indélébile dans les cœurs. Son histoire a débuté par une tragédie : le décès de sa mère en lui donnant naissance, suivi d’une enfance assombrie par l’ombre du VIH/SIDA. Orpheline de mère, Myriam a vu sa vie basculer à 13 ans lorsqu’elle a été diagnostiquée séropositive. Peu de temps après, son père a également succombé à la maladie, la laissant, à cet âge tendre, orpheline, avec pour seule famille son petit frère de cinq ans. Ce tableau poignant, d’une cruauté inouïe, a été dépeint avec une force qui a étreint l’audience.
Pourtant, c’est de cette profonde tragédie que Myriam a puisé une force inébranlable. Aujourd’hui, son parcours est un véritable triomphe sur l’adversité. Myriam est non seulement en vie, mais elle est épanouie. Son statut sérologique est devenu indétectable, un exploit rendu possible par la persévérance et les progrès fulgurants de la médecine. Elle est mariée et mère de trois enfants, tous nés séronégatifs, un fait qu’elle a tenu à souligner avec insistance. Son époux, lui aussi séronégatif, est la preuve vivante qu’une vie de couple épanouie est possible, même en présence du VIH.
Le message de Myriam, au-delà de son parcours personnel, est un appel vibrant à la fin de la stigmatisation et du rejet des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Elle a martelé l’idée qu’une personne séropositive peut mener une vie normale, fonder une famille et donner naissance à des enfants sains. Son témoignage a résonné comme un puissant antidote aux préjugés, éclairant la voie vers une société plus inclusive et compréhensive. L’initiative de la Première Dame du Cameroun, Madame Chantal Biya, à travers la campagne « Vacances Sans SIDA, » trouve dans l’histoire de Myriam un écho profond et illustre parfaitement l’objectif de cette campagne : éduquer, sensibiliser, et briser les tabous autour du VIH/SIDA.
Une Mobilisation Accrue et des Chiffres Révélateurs
Sous le très haut patronage de Madame Chantal Biya, Première Dame du Cameroun, Présidente Fondatrice de Synergies Africaines et Ambassadrice Spéciale de l’ONUSIDA, la campagne « Vacances Sans SIDA » entre dans sa nouvelle édition 2025 avec une détermination renouvelée. Lancée en 2003, cette initiative emblématique continue de mobiliser les jeunes pour les jeunes afin de combattre les IST et le VIH/SIDA durant la période des vacances scolaires et universitaires, ciblant spécifiquement la tranche d’âge la plus vulnérable de la population.
Les données de l’enquête CAMPHIA 2018 sont alarmantes et soulignent l’urgence de cette mobilisation : 6 nouvelles infections sur 10 se produisent parmi les jeunes de 15 à 24 ans. Plus préoccupant encore, les filles sont 9 fois plus touchées que les garçons, soulignant une inégalité criante face à la pandémie. Face à cette réalité, « Vacances Sans SIDA » transforme ces jeunes, pourtant principales victimes, en acteurs clés de la lutte. Des volontaires, surnommés les « combattants de Madame Chantal Biya, » sont ainsi recrutés, formés, et déployés dans les 10 régions du Cameroun. Leur mission est claire : informer, éduquer et sensibiliser à travers la distribution de matériel pédagogique, des causeries éducatives, des entretiens individuels et une présence active sur les réseaux sociaux.
La campagne encourage activement le dépistage volontaire et gratuit du VIH et de l’hépatite B, ainsi que le retrait des résultats. Pour ce faire, des unités mobiles sont déployées durant toute la durée de la campagne, assurant un dépistage anonyme et accessible. Les personnes testées positives sont ensuite orientées et prises en charge par des structures dédiées disséminées sur l’ensemble du territoire national.
Les chiffres attestent de l’ampleur de la tâche et des progrès accomplis. Au Cameroun, on estime à 510 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH, une tendance qui reste préoccupante. Ce chiffre inclut 20 450 enfants de moins de 15 ans, 13 340 adolescents de 15-19 ans, et 24 272 jeunes de 20-24 ans. Tragiquement, 9 400 personnes ont perdu la vie à cause du VIH/SIDA durant la même période, soulignant l’urgence de la prévention et du traitement.
En matière de prévention, les efforts sont considérables : 24 027 837 préservatifs masculins et 349 506 préservatifs féminins ont été distribués, accompagnés de 2 202 014 gels lubrifiants. Concernant la prophylaxie pré-exposition (PrEP), 3 989 HSH et 7 443 TS ont été initiées. Le dépistage du VIH a touché 1 996 138 personnes en CDV, dont 46 025 ont été testées séropositives (avec 36 171 nouveaux cas positifs), dont 336 cas chez les 15-19 ans et 1 183 cas chez les 20-24 ans.
La prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME) est également une priorité. Sur 758 346 femmes enceintes vues en consultation prénatale (soit un taux de fréquentation de 69,7%), 98,8% ont bénéficié d’un test de dépistage du VIH. Parmi elles, 12 057 femmes enceintes ont été dépistées positives, et 90,7% d’entre elles ont été mises sous traitement ARV, avec un taux de séropositivité de leurs partenaires de 2,7%.
Concernant le traitement et la prise en charge, sur les 468 448 personnes vivant avec le VIH identifiées, 92% connaissent leur statut sérologique. Un impressionnant 449 290 personnes suivent un traitement ARV, et sur 308 861 charges virales réalisées, 282 328 ont été supprimées, atteignant un taux de suppression de 93%. Le taux de rétention aux soins à 12 mois s’élève à 88,8%. Enfin, 9 889 enfants exposés ont été identifiés, avec 8 615 ayant réalisé leur PCR et 94,5% mis sous prophylaxie ARV.
L’Innovation Majeure de 2025 : La Caravane Mobile
L’édition « Vacances Sans SIDA » 2025 marque un tournant décisif avec l’introduction d’une caravane mobile spéciale dédiée à la sensibilisation et au dépistage volontaire du VIH et de l’hépatite B chez les jeunes. Cette caravane ciblera spécifiquement les zones à haut risque des régions du Sud et du Sud-Ouest. Cette innovation vise à dynamiser les résultats programmatiques dans la lutte contre le VIH/SIDA chez les adolescents et les jeunes, en renforçant la communication pour le changement social et comportemental, ainsi qu’en offrant un dépistage intégré, volontaire et différencié.
Le choix des régions du Sud et du Sud-Ouest n’est pas anodin. En 2020, la région du Sud affichait un taux de prévalence de 5,8%, tandis que celle du Sud-Ouest était à 3,2%. Bien que le Sud soit au-dessus de la moyenne nationale, la crise sociopolitique dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest a entraîné des déplacements massifs de populations, augmentant considérablement leur vulnérabilité au VIH/SIDA et à d’autres problèmes de santé. Ces personnes déplacées, souvent confrontées à des conditions de vie précaires, à un accès limité aux services de santé (y compris le dépistage et le traitement du VIH), et à un manque d’informations, sont plus susceptibles de contracter le VIH et d’autres infections sexuellement transmissibles.
Ainsi, « Vacances Sans SIDA 2025 » met un accent particulier sur la lutte contre les nouvelles infections chez les jeunes, en apportant des solutions concrètes et innovantes là où le besoin est le plus criant. La caravane mobile incarne cet engagement, promettant d’être un vecteur d’espoir et de prévention pour des milliers de jeunes Camerounais.
Paul EKWANG
